Imaginez un jardinier.
Il vient de planter son potager et il sait qu’il aura besoin d’eau pour faire grandir ses légumes.
Il décide de creuser un puits pour recueillir l’eau de pluie. Il prend sa pelle et descend. Arrive un moment où il est si bas qu’il ne se souvient plus vraiment pourquoi il descend. Il fait sombre, il a froid. Mais il a une pelle entre les mains alors il en déduit qu’il doit continuer à creuser.
Le jardinier descend aussi loin qu’il le peut, jusqu’à ce que sa pelle rencontre de la roche. Impossible d’avancer davantage, impossible de remonter. Il s’assoit, dans l’incompréhension, désespéré, que faire? Il a faim, il fait noir, il a froid, pourquoi suis-je là, se demande t’il? Pourquoi suis-je seul? Quel est le sens à tout cela?
Il reste là, à attendre.
Étrangement, au fond de lui, il sent que quelque chose va se produire.
Ça commence par une goutte de pluie. Minuscule, il la sent à peine. Puis une seconde, une troisième. Il râle, il est mouillé, c’est quoi cette histoire? Mais la pluie continue de tomber et la mémoire du jardinier affleure. C’est encore abstrait, mais il ne se sent plus seul. Les gouttes s’intensifient, il comprend qu’il peut s’appuyer dessus pour remonter. Au fur et à mesure, il se souvient d’où il vient, il se souvient qu’il rentre chez lui. Il aperçoit un coin de ciel bleu, la force de l’eau le porte, le ciel se rapproche et bientôt ce sont les rebords du puits. Le jardinier donne la dernière impulsion, s’accroche à la pierre et se hisse hors du puits.
Face à son potager, le jardinier se souvient que grâce à cette plongée dans les ténèbres il peut arroser ses légumes, et même offrir de l’eau à son voisin. Il n’a jamais été abandonné. Sa quête, la lumière qui le guidait était toujours en lui, même quand il l’avait oublié.
Plus le puits est profond, plus la descente est longue, plus les ténèbres sont fortes mais plus la remontée est puissante et le don immense.
Comments